Système politique

La Macédoine est une république démocratique au fonctionnement parlementaire. C’est le parlement qui détient les pouvoirs les plus significatifs. Le président de la république est élu au suffrage universel mais il possède surtout un rôle symbolique. Il représente l’Etat de façon assez neutre, même s’il a un droit de véto sur les lois. Le président macédonien est Stevo Pendarovski depuis 2019.

Le gouvernement macédonien est nommé par le parlement. Il compte un premier ministre, appelé président du gouvernement. Depuis 2017, le poste est tenu par Zoran Zaev. Son rôle est surtout de donner des orientations politiques. Ce sont les membres du gouvernement et les députés qui proposent les lois. Elles sont ensuite adoptées ou non par le parlement. N’importe quel citoyen peut aussi proposer une loi, à condition d’avoir une pétition comportant 10.000 signatures.
La Macédoine est un pays de taille restreinte et il est fortement centralisé. Le gouvernement local est assuré par des municipalités qui regroupent en général une ville et tous les villages des environs. Chaque municipalité est donc habituellement assez vaste.
Bipartisme

La Macédoine connaît le bipartisme, avec un parti de gauche, la SDSM, et un parti de droite, la VMRO-DPMNE. Depuis 2017, c’est la SDSM qui est au pouvoir.
La SDSM est l’héritière du parti socialiste de l’époque yougoslave, mais elle est devenue néolibérale et s’inspire beaucoup des autres partis sociaux-démocrates européens. Le parti aspire à ouvrir d’avantage le marché macédonien aux investisseurs, à assurer les libertés fondamentales, à apaiser les relations interethniques et à rapprocher le pays de l’Union européenne et des Etats-Unis.
La nomination de Zoran Zaev au poste de premier ministre en 2017 a mis fin à la domination de la VMRO-DPME, qui durait depuis plus de dix ans. Alors qu’elle a connu de grands succès électoraux avant 2006, la SDSM a vu ensuite ses scores électoraux fondre comme neige au soleil au profit de la VMRO-DPMNE. Des scandales liés aux privatisations et à la corruption avaient entâché sa réputation aux yeux de sa base électorale : les ouvriers. De même, son orientation néolibérale actuelle n’a plus grand chose à voir avec le parti socialiste yougoslave et les idées de la SDSM ne séduisent plus forcément les classes populaires. C’est l’arrivée au pouvoir de la SDSM qui a permis de mettre fin au différend avec la Grèce concernant le nom du pays : l’accord de Prespa, signé en 2019, a institué un nouveau nom constitutionnel, « Macédoine du Nord ». Cet accord met fin au blocage grec des candidatures macédoniennes auprès de l’OTAN et de l’UE.

La VMRO est libérale au niveau économique, mais plutôt conservatrice au niveau sociétal. Elle prône les valeurs chrétiennes et traditionnelles et tolère mal les revendications des minorités ethniques. Ce parti est d’ailleurs souvent qualifié de nationaliste. La VMRO envisage la Macédoine comme l’État des Macédoniens uniquement, et selon elle, les minorités doivent faire un effort d’intégration et d’adaptation. Cette optique suit l’idée selon laquelle les Macédoniens se sont longuement battus pour avoir leur État et ne souhaitent donc pas l’affaiblir et le partager avec d’autres peuples.
La VMRO désire l’intégration européenne de la Macédoine, mais a aussi effectué des rapprochements importants avec d’autres puissances plus alternatives, comme la Russie et la Turquie. La VMRO a enfin joué un très grand rôle dans la construction identitaire macédonienne, puisqu’elle l’a accompagnée et la fortifiée. Alors que la Macédoine souffre toujours plus ou moins d’une carence identitaire, la VMRO soutient les historiens nationalistes et les initiatives culturelles qui peuvent fortifier l’identité macédonienne.
Partis albanais

Ce qui distingue la Macédoine des autres États d’Europe, c’est le caractère ethnique des partis politiques. En effet, les deux grands partis majoritaires ne peuvent vraiment compter que sur les votes des Macédoniens chrétiens. Toutes les minorités ont leurs partis politiques censés les représenter au parlement. Il y a ainsi des partis turcs, roms, serbes, etc. Néanmoins, seuls les partis de la minorité albanaise, la plus nombreuse, ont un vrai poids sur la vie politique macédonienne.
Les partis albanais ne suivent pas vraiment le spectre habituel gauche-droite. Ils ont plutôt des programmes généraux et s’appuient beaucoup sur le charisme de leur leader. Le parti qui séduira le plus les électeurs sera évidemment celui qui saura se faire entendre au parlement. Avec le temps, les partis albanais tendent à devenir de plus en plus extrêmes pour cette raison. Ainsi, le PDP modéré des années 1990 a perdu sa popularité au profit du DPA plus intransigeant, qui a lui-même diminué au profit du DUI, un parti fondé par des anciens guérilléros du conflit armé de 2001.
Les partis albanais sont globalement plutôt à droite, avec une vision traditionnelle de la société et une optique économique libérale. Leur principal objectif est la défense de la culture et de la langue albanaises et leur promotion au niveau national. Ils souhaitent une décentralisation du pays, voire une fédération avec une région fédérée albanaise. Les partis albanais sont aussi de fervents défenseurs de l’adhésion à l’Union européenne.
Depuis l’indépendance du pays, une sorte d’accord tacite a vu le jour. Le parti majoritaire macédonien qui remporte les élections législatives forme bien sûr un gouvernement. Mais il doit aussi choisir parmi ses ministres des membres du parti albanais arrivé premier. Ainsi, on peut considérer que lors de chaque élection, il existe en fait deux scrutins parallèles : les Macédoniens votent pour leurs députés et leur gouvernement, et les Albanais votent pour choisir leurs députés et leurs ministres. Les Albanais occupent souvent des ministères régaliens, comme la défense.
Instabilité
La vie politique macédonienne est marquée par une certaine instabilité. Depuis 2006, le parlement n’a jamais fini une seule de ses législatures à leur échéance normale : des élections anticipées ont eu lieu en 2008, 2011, 2014 et 2016. Les manifestations sont monnaie courante, que ce soit de la part de l’opposition ou des Albanais. Les scandales sont assez nombreux eux-aussi, avec par exemple un scandale d’écoutes en 2015. Tous les coups bas sont permis et les séances parlementaires sont souvent cacophoniques. Néanmoins, l’instabilité n’atteint jamais non plus des niveaux très dangereux pour le pays.
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