Architecture religieuse

EGLISES

Basiliques paléochrétiennes

Plaoshnik
Basilique à Plaošnik (Ohrid).

Les plus vieilles églises macédoniennes sont des basiliques paléochrétiennes datant des III-IV-Vèmes siècles. Toutes sont à l’état de ruines. Elles possédaient des plans assez simples, avec au moins une nef rectangulaire à trois vaisseaux se terminant par des absides rondes. Le sol était orné de mosaïques. Ces basiliques étaient directement inspirées de l’architecture romaine civile, notamment des basiliques civiques, qui servaient de lieux administratifs.

 

Eglises byzantines

Plan basilical

Sainte-Sophie
Absides de Sainte-Sophie d’Ohrid.

Les invasions slaves marquent un arrêt dans la construction religieuse, jusqu’à ce que les tribus slaves se convertissent en masse au IXème siècle.

Les premières églises construites par les Slaves montrent qu’ils suivent la tradition byzantine qui s’est développée en Grèce et en Asie mineure. Il y a une réelle continuité avec les basiliques romaines. Bien que les formes générales restent simples, certains éléments comme le narthex ont fait leur apparition suite à la codification de la liturgie.

Kurbinovo
Abside unique à Kurbinovo.

Le meilleur exemple est la cathédrale Sainte-Sophie d’Ohrid. Elle comprend un imposant narthex ouvrant sur une large nef terminée par trois absides en cul-de-four. La simplicité de la silhouette est embellie par des jeux de briques formant des motifs. Le plan basilical simple et orienté dans la longueur était à l’origine agrémenté par un dôme qui a disparu. Sainte-Sophie a une nef voûtée, détail assez rare car les églises avaient généralement un plafond en charpente. En général, des poutres transversales sont positionnées dans les niveaux supérieurs afin de minimiser les dégâts en cas de secousse sismique.

 

Plan carré

Kaneo
Saint-Jean de Kaneo à Ohrid.

A partir du Xème siècle, le plan rectangulaire basilical est remplacé par un plan carré. Les églises sont plus petites et leur silhouette s’élève vers le ciel. Cette élévation est accentuée par un dôme central à tambour.

L’exemple le plus célèbre est Saint-Jean de Kaneo à Ohrid.

Coupole à Konče.
Coupole à Konče.

Les tambours des dômes sont octogonaux à l’extérieur, mais l’intérieur est circulaire. Malgré l’apparente légèreté, les murs sont épais afin de supporter le poids qui est concentré sur un espace restreint. A l’extérieur, les murs montrent des jeux décoratifs de pierres et de briques. La brique est plus courante car moins coûteuse.

Les églises de plan carré sont plus petites que celles à plan basilical. Elle sont surtout visibles dans les monastères, qui n’avaient pas besoin d’accueillir un grand nombre de fidèles.

 

Eglises à nef simple

OhridL’époque byzantine a laissé en Macédoine du Nord de très nombreuses églises de petites dimensions. Ces églises ont une nef à un seul vaisseau et une abside unique. Cette abside est habituellement polygonale à l’extérieur. Le plan est rectangulaire.

 

Eglises serbo-byzantines

Nagorichane
Eglise de Nagoričane.

Après la conquête de la Macédoine par les Serbes, de nouvelles formes architecturales voient le jour. Les architectes continuent à employer les canons byzantins mais y ajoutent des particularités assez importantes. Ce style existe de la fin du XIIIème siècle à la fin du XIVème siècle. Quelques églises sont construites au XVème siècle, après l’invasion ottomane, mais les exemples sont assez rares.

Le coeur de l’Etat serbe se trouvait alors à Skopje, et la région autour de la ville comprend de nombreux exemples de l’époque, notamment les monastères de Matka et l’église de Matejče.

Lesnovo
Eglise à Lesnovo.

Les églises perdent leur plan rectangulaire ou carré et adoptent une forme de croix. Le tambour du dôme central s’élève davantage et des dômes secondaires sont ajoutés autour. Les édifices les plus aboutis ont cinq dômes, comme l’église de Staro Nagoričane. Les murs extérieurs n’ont plus un aspect droit, ils forment des arcs en renfoncement qui amplifient l’impression d’élévation. L’ensemble devient plus grandiose et plus élaboré. Beaucoup d’églises antérieures ont été remodelées en suivant ce style, par exemple en ajoutant des dômes.

 

Renouveau

Pendant la majeure partie de la domination ottomane, soit de la fin du XIVème siècle au XIXème siècle, la construction d’églises est très sporadique. Les rares édifices à dater de cette époque sont de dimensions très restreintes afin de ne pas dépasser les mosquées.

Au XIXème siècle, alors que l’Etat ottoman s’affaiblit, la Macédoine connaît un renouveau culturel. Beaucoup d’églises sont construites, à mesure que la population augmente et que les villes retrouvent une population chrétienne.

Prilep
Eglise du XIXème à Prilep.

L’architecte Andreja Damjanov est la principale figure de ce renouveau. Issu d’une longue lignée d’artisans et de maçons, il dessine les plans d’une quarantaine d’édifices, principalement des églises. Son œuvre s’étend jusqu’à la Bosnie. En Macédoine, les églises de Damjanov sont de grandes constructions évoquant les basiliques byzantines. Elles comprennent une grande nef à trois vaisseaux terminée par des absides polygonales. Parmi ces églises, on trouve notamment les cathédrales de Skopje, Kumanovo et Štip.

Eglise moderne à Veles.

L’époque socialiste (1944-1991) marque une nouvelle pause. Peu d’églises sont construites pendant cette époque. Après l’indépendance, la religion retrouve un rôle central en Macédoine. Les églises construites depuis lors réinterprètent les formes médiévales, notamment le plan carré, avec des techniques modernes (béton, portances plus libres…).

 

MOSQUEES

Mosquées ottomanes

La Macédoine se trouvait en périphérie de l’Empire ottoman. Les monuments construits par les Turcs dans le pays ne peuvent pas rivaliser avec ceux d’Istanbul par exemple. Les formes sont beaucoup plus modestes.

Isa Beg
Isa Beg à Skopje.

Les toutes premières mosquées de Macédoine sont construites juste après la conquête, à la fin du XIVème siècle. Néanmoins, ce ne sont pas de vraies mosquées, mais plutôt des lieux polyvalents appelés « imarets ». Ces bâtiments comprennent trois blocs distincts réunis en forme de T. En plus de leur fonction religieuse, ils ont un rôle social et caritatif puisqu’ils abritent des soupes populaires et d’autres moyens d’aide aux pauvres. Seule la mosquée Isa Beg de Skopje correspond à ce type, mais elle a été construite plus tard, au XVème siècle. Les autres exemples ont disparu.

Mustafa Pasha
Mustafa Pasha à Skopje, mosquée classique.

Au XVème siècle, après la prise de Constantinople, l’art ottoman entre dans sa période classique. L’empire se consolide et se centralise. Le sultan utilise l’architecture pour assoir son pouvoir et sa religion.

Dans les Balkans, un type bien précis de mosquée est choisi. Simple mais voyant, il comprend une base carrée, un grand dôme, un porche et un minaret. La grande majorité des mosquées ottomanes en Macédoine correspond à ce modèle. Les architectes venaient de Turquie mais les artisans étaient locaux.

Tatar Sinan Beg
Tatar Sinan Beg à Kumanovo.

Les mosquées n’étaient pas directement commandées par le sultan mais pas des notables locaux qui faisaient ainsi une donation à la communauté. Selon leur degré d’importance, ces notables pouvaient influencer le style architectural de leurs mosquées. On peut ainsi voir une certaine variété, par exemple sur Tatar Sinan Beg de Kumanovo, qui a un dôme sur tambour.

Du XVIIème au XVIIIème siècle, peu de mosquées sont construites. Les travaux se limitent à des restaurations ou des reconstructions. L’empire ottoman connaît alors plusieurs guerres et la construction d’édifices religieux n’est pas une priorité.

Tetovo
Mosquée peinte de Tetovo.

A partir de la fin du XVIIIème siècle, l’autorité ottomane s’affaiblit et des notables locaux deviennent très puissants. Ces notables sont surtout musulmans et ils financent la construction de nouvelles mosquées. Elles ne suivent pas de style particulier et correspondent plutôt à des goûts personnels. Ainsi, la mosquée colorée de Tetovo n’a pas de dôme et elle est entièrement recouverte de panneaux peints, à l’intérieur comme à l’extérieur.

 

Mosquées modernes

Srbinovo
Mosquée moderne près de Gostivar.

Le XXème siècle, marqué par le départ des Ottomans (1912) et par le régime socialiste, n’est pas une période faste pour les mosquées. Un grand nombre d’entre-elles sont abandonnées ou détruites.

Depuis 1991, la construction de mosquées a repris dans les régions à majorité albanaise. Les mosquées modernes ne suivent pas toujours les caractéristiques ottomanes. Si certaines mosquées restent très classiques, le style adopté est assez international, avec des formes et des couleurs tranchées. L’influence générale vient plutôt d’Etats arabes comme les Emirats ou l’Arabie saoudite. L’aspect tend à donner un caractère purement islamique sans vraie considération pour les traditions locales.


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Voir aussi :

Les religions en Macédoine

Les fresques macédoniennes

Les maisons macédoniennes

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