Kruševo

KrusevoKruševo (prononcé « krouchevo ») est la ville la plus haute de Macédoine sinon de tous les Balkans. Nichée à 1200 mètres d’altitude sur le massif de la Bušova, elle n’est pourtant qu’à 3 km de la plaine de Pélagonie.

Kruševo ne compte que 5500 habitants, mais elle est l’une des villes les plus connues en Macédoine. Célèbre pour son architecture particulière et pour son rôle clé dans l’histoire macédonienne, c’est aussi une petite station de ski.

Y ALLER

Krusevo
Kruševo vue depuis la Pélagonie.

Kruševo est reliée par cars à plusieurs autres villes du pays. Depuis Skopje, il y a trois cars par jours avec un trajet de 2h45. Il en a cinq depuis Bitola (compter entre 1h et 1h20 de trajet) et une vingtaine depuis Prilep (compter une grosse demie-heure).

Lorsqu’on vient en voiture, on peut partir de Prilep, distante de 32 km, ou de Bitola (52 km, en passant par Demir Hisar).

BONNES ADRESSES

Kruševo est une petite ville et son offre hôtelière est limitée. On y trouve tout de même un grand hôtel, le Montana, qui propose des chambres à partir de 30 €. L’établissement date des années yougoslaves et c’est un grand complexe assez quelconque tout en étant confortable. Dans la vieille-ville, on trouve aussi quelques hôtels plus petits, gérés par des particuliers, comme le Pavia (studios à partir de 20 €), la Villa La Kola et la Villa Gora.

HISTOIRE

KrusevoMalgré sa réputation de ville historique, Kruševo est apparue tardivement. Mentionnée à partir du XVème siècle, c’est un simple village jusqu’au XIXème siècle.

La naissance de la ville est tributaire de l’installation de nombreux Valaques dans la région à partir du XVIIIème siècle. Les Valaques, peuple pastoral chrétien de langue latine (voir Peuples et minorités de Macédoine), fuient alors la région de Moscopole en Albanie, dévastée par des raids musulmans. Il apportent avec eux leur tradition marchande. Les Valaques sont suivis à Kruševo par des Albanais orthodoxes et par des Mijaks, petite ethnie macédonienne réputée pour ses talents d’artisanat.

KrusevoKruševo entre définitivement dans l’histoire en 1903. La Macédoine est alors secouée par le soulèvement d’Ilinden, vaste rébellion contre l’occupation ottomane. L’opération est lancée le 2 août et commence par des succès militaires. Les forces ottomanes ne sont pas préparées et les rebelles macédoniens sont bien organisés et connaissent le terrain. Kruševo est proclamée en tant que république indépendante. Ce micro-Etat résiste jusqu’au 13 août avant d’être écrasé par les Turcs. Il était le premier Etat macédonien moderne.

VISITER

Plan de Kruševo (cliquer pour agrandir).
Plan de Kruševo (cliquer pour agrandir).

Kruševo est traditionnellement divisée en une douzaine de quartiers. Le centre est la Čaršija, c’est-à-dire le Bazar, le quartier commerçant. Au sud, on trouve l’Arnaut Maalo, le Vlaško Maalo et le Gjupsko Maalo, respectivement les quartiers albanais, valaque et tsigane. Au nord, la ville est divisée entre Gorno Maalo et Mijačko Maalo, soit le quartier haut et le quartier des Mijaks.

La ville est petite et se visite rapidement.

Architecture

KrusevoLa ville possède une architecture assez particulière. Les maisons les plus opulentes ont été commandées par des marchands valaques au XIXème siècle. Originaires d’Albanie, ils étaient habitués à des maisons un peu différentes de celles visibles en Macédoine. Ils ont confié les travaux aux Mijaks, qui eux venaient des montagnes de l’ouest de Macédoine. La maison type de Kruševo possède un plan rectangulaire et respecte une stricte symétrie. Le rez-de-chaussée est en pierre et les étages à encorbellement sont en bois et torchis. Contrairement à la tradition macédonienne, il n’y a pas de pièce ouverte comme le minsofa (voir Maisons macédoniennes). La façade est ornée d’un balcon soulignant sa symétrie.

Églises

KrusevoLa plupart des églises de la ville n’ont pas survécu aux combats du soulèvement d’Ilinden et elles ont été reconstruites par la suite. La plus vieille est Notre-Dame, datant de 1867. Massive et peu élégante, elle est caractéristique de cette période, marquée par le renouveau culturel et religieux des Chrétiens de la région.

Saint-Jean (« Sveti Jovan »), aussi connue comme « l’église valaque », a été construite en 1897 puis refaite en 1904. Elle est facilement reconnaissable à ses deux clochers blancs. A l’intérieur, on peut voir un bel iconostase en bois sculpté, représentatif de l’art des Mijaks.

L’église Saint-Nicolas a été construite une première fois en 1832 et entièrement reconstruite de 1905 à 1907. Elle se distingue grâce à son clocher carré qui sert de tour de l’horloge à toute la ville. En effet, Kruševo n’a jamais eu de tour de l’horloge à proprement parler, contrairement à la plupart des villes macédoniennes.

Makedonium

Македониум,_Крушево_06Le Makedonium se trouve au nord de la ville. Construit en 1974 pour commémorer le soulèvement d’Ilinden, il ressemble à un virus géant en béton. A l’intérieur, on peut voir la tombe de Nikola Karev, président de l’éphémère république de Kruševo (voir la section Histoire plus haut). A l’extérieur, on trouve aussi une crypte renfermant les ossements d’autres rebelles.

Mečkin Kamen

La montagne Mečkin Kamen est à 5 km au sud de la ville. L’endroit est connu pour la bataille qui s’y est déroulée le 12 août 1903. Elle s’est soldée par la défaite des rebelles macédoniens et par la victoire des Turcs, sonnant le glas de la république de Kruševo. Une grande statue marque l’endroit où l’un des chefs des rebelles, Pitu Guli, a été tué. Valaque et originaire de Kruševo, c’est encore aujourd’hui un grand héros national.

Musées

Galerie Nikola Martinoski

Krusevo (2)S’il fallait voir un seul musée à Kruševo, ce serait celui-ci. On y trouve des œuvres de Nikola Martinoski, peintre natif de la ville (1903-1973). Spécialisé dans le portrait, on peut voir dans ses tableaux l’influence des fresques macédoniennes et de l’expressionnisme parisien (il a étudié à la Grande Chaumière pendant deux ans).

La galerie est installée dans une des plus belles maisons de la ville et il y a aussi une exposition ethnologique avec reconstitutions d’intérieurs anciens. Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 14h seulement.

Kruševo possède d’autres musées, dont deux liés au soulèvement d’Ilinden : la maison de Nikola Karev et le musée d’Ilinden. Les deux sont assez intéressants car ils permettent d’entrer dans des maisons anciennes de la ville. Il y a aussi un petit musée de la Seconde Guerre mondiale (« musée de la Guerre de Libération nationale »).

Maison-mémorial de Toše Proeski

KrusevoCe lieu rend hommage à l’enfant du pays Toše Proeski, sorte de Claude François macédonien. Il est considéré comme un demi-dieu depuis sa mort lors d’un accident de voiture en 2007. Il n’avait que 26 ans. Ce chanteur pop avait une réputation qui s’étendait dans toute l’ex-Yougoslavie et il était la fierté de la Macédoine, petit pays sans beaucoup de gloires locales. La visite de ce lieu ne ravira que les fans du chanteur.

Monastères

Il y a deux monastères autour de Kruševo, Saint-Sauveur et celui de la Transfiguration. Les deux ne sont pas très vieux puisqu’ils ne datent que du XIXème siècle. Le monastère Saint-Sauveur, fondé en 1836 et situé entre Kruševo et Prilep, est connu pour proposer de l’hébergement pour la nuit.


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Voir aussi :

Prilep

Demir Hisar

Bitola

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