
La Reka est une région de l’ouest de la Macédoine, entre le lac de Mavrovo, les villes de Debar et Kičevo et la frontière albanaise. Elle correspond approximativement au parc national de Mavrovo. C’est une région sauvage, isolée, marquée par de hauts massifs montagneux, comme la Bistra (2163 m), le Stogovo (2318 m), le Dešat (2373 m) et le Korab (2764 m). La région est coupée en deux par la Radika, rivière qui rejoint le Drin noir à Debar.
Au cours de son histoire, la Reka a toujours été une région pastorale, où la vie était rythmée par les saisons et la production de bois, de laine et de fromage. Au XXème siècle, la région s’est peu à peu vidée de ses habitants, mais elle est devenue un lieu de tourisme, avec ses villages isolés et tout à fait typiques.
Y ALLER

Les villages de la Reka ne sont pas desservis par les transports en commun donc une voiture s’avère nécessaire. Il faut s’attendre à des routes de montagne qui ne sont pas toujours en très bon état et qui peuvent être fermées en hiver.
Il est possible de faire de la randonnée pour aller dans certains villages, par exemple de Janče à Galičnik (4 km) voire de Mavrovo à Galičnik (18 km).
BONNES ADRESSES
Voir la page Mavrovo pour des bonnes adresses dans et autour des villages décrits dans cet article.
PEUPLES

La région a autrefois été habitée par des groupes ethniques légèrement différents du reste des Macédoniens, notamment les Škreti et les Mijaks.
Les premiers étaient des Macédoniens orthodoxes qui avaient adopté la langue albanaise, probablement pour se rapprocher des Albanais musulmans qui dominaient socialement la région à l’époque ottomane.
Le seconds étaient des Macédoniens orthodoxes et macédophones qui étaient renommés pour leurs talents de bâtisseurs et de menuisiers. Jusqu’au XIXème siècle, ils étaient souvent appelés sur des chantiers dans d’autres régions de Macédoine. Ce sont leurs villages qui sont aujourd’hui les plus célèbres, en partie grâce à leur architecture particulière. (Voir cette page pour plus d’informations sur l’architecture locale.)
VILLAGES MIJAKS
Les villages mijaks sont plus ou moins tous situés sur une boucle partant de Mavrovo. On peut donc prévoir un itinéraire d’une journée en allant d’abord à Janče sur la route de Debar, puis en s’aventurant jusqu’à Lazaropole et Gari avant de revenir vers le nord en passant par Selce, Rosoki et enfin Galičnik. Si on est pressé, on peut choisir de ne visiter que Galičnik.
Galičnik
Galičnik est le village le plus incontournable de la région. Il est situé à 18 km de Mavrovo et à 1611 mètres d’altitude. Il est réputé pour son architecture et son fromage kaškaval (sorte d’emmental).

Galičnik est également connu pour son Festival du Mariage. Il a lieu tous les ans autour du 12 juillet. Cette date estivale correspond à la Saint-Pierre, moment pendant lequel les artisans partis chercher du travail à travers toute la Macédoine revenaient se marier à des filles du village. De nos jours, le village ne compte presque plus d’habitants à l’année, si bien qu’un concours est organisé dans tout le pays pour sélectionner les futurs mariés qui auront l’honneur de participer au Festival du Mariage. Les mariés et leurs proches sont vêtus en costume traditionnel. Musiciens et danseurs viennent ajouter une touche très folklorique aux célébrations.

Le festival est un moment privilégié pour admirer les danses et costumes traditionnels. Il se tient habituellement lors du week-end le plus proche du 12 juillet et il suit un programme bien précis, qui reprend les étapes des mariages traditionnels. Le samedi soir, des danses et des rituels préparent la grande fête, mais c’est le dimanche matin qu’ont lieu la plupart des célébrations. Ainsi, de 9h à midi, on assiste à une procession au cimetière pour honorer les morts, au rasage du marié, à une simulation de rapt de la mariée et à une procession à cheval. Chaque moment est très codifié et se rattache à une symbolique très ancienne.
Pour profiter au maximum du festival, il vaut mieux passer la nuit sur place (réserver longtemps à l’avance).
Janče

Ce village est situé à seulement 4 km de Galičnik mais le chemin entre les deux n’est accessible qu’à pied (compter 2h car l’itinéraire comprend d’importants dénivelés). En voiture, Il faut soit retourner au lac de Mavrovo et prendre la route de Debar, soit faire un détour par le sud.
Malgré son altitude plutôt basse (975 m), Janče est tout à fait typique des villages montagnards de la région. On y trouve encore de nombreuses maisons traditionnelles construites par les Mijaks. Une vieille mosquée au minaret trapu évoque une ancienne présence musulmane. Le village est tout proche de la route de Debar et de la Radika.
Mogorče

Après le village de Janče, on peut s’arrêter à Mogorče qui est un autre village mijak, même si de nombreux Albanais y vivent également.
En bas du village, sur la rivière Mala Reka, on trouve un superbe pont ottoman du XVIIIème siècle : Elen Skok. Il ne comprend qu’une arche et son nom signifie « saut du cerf » en macédonien.
Osoj

Situé juste après Mogorče, Osoj est un autre village mijak. Son église Saint-Georges (1887) est un exemple d’architecture religieuse mijak.
Ensuite, la route forme une patte d’oie. Soit on repart vers le nord et Galičnik, ce qui permet de passer par les villages mijaks de Selce, Tresonče et Rosoki, soit on s’avance plus loin.
Tresonče est le départ d’un circuit de randonnée permettant d’atteindre les deux cascades Biljana, la grotte Alilica et un groupe de trois sources (env. 3 km aller).
Lazaropole

Lazaropole est un des plus grands villages mijaks. Il ressemble beaucoup à Galičnik, avec ses maisons carrées éparpillées à flanc de montagne. Il a néanmoins un caractère plus plane car il se trouve sur une sorte de plateau d’altitude (1350 m).
L’église principale, dédiée à Saint Georges, est un imposant édifice des années 1830. Elle a été construite par des artisans mijaks travaillant habituellement sur de grands chantiers ailleurs dans le pays. On remarque le dôme aplati, détail rare sur les petites églises de village, et les riches fresques intérieures. Le clocher est séparé du reste du bâtiment, comme le veut la tradition slave orthodoxe.
Gari

Gari est un autre village mijak. Situé à 1485 m d’altitude, c’est l’un des villages les plus hauts du pays. Il est plus petit et ramassé que Lazaropole, mais il offre lui aussi de beaux exemples d’architecture traditionnelle.

L’église date des années 1860 et elle offre une allure similaire à celle de Lazaropole. L’intérieur est remarquable, avec ses fresques et son iconostase. Les peintures sont l’œuvre de Dimitrija Krstev dit « Dičo Zograf » (1819-1872). Ce peintre mijak, né à Tresonče, a décoré plusieurs autres églises de la région ainsi que du reste des Balkans. Son œuvre combine la tradition médiévale et les influences académiques occidentales.
AUTRES VILLAGES

Les villages décrits précédemment sont les plus visités de la région, en raison de leur histoire liée aux Mijaks. La Reka compte cependant d’autres villages intéressants.
La route entre le lac de Mavrovo et Janče passe à côté de plusieurs villages typiques, notamment Volkovija et Beličica. Ces deux localités sont situées à quelques kilomètres seulement du lac de Mavrovo.
En continuant vers Janče, on passe devant le monastère de Bigorski, l’un des plus célèbres de Macédoine. Juste à côté se trouvent les villages de Rostuša et de Bituše qui sont également des villages représentatifs de cette partie de la Macédoine. Le premier est un point de départ pour explorer la nature environnante, avec la cascade de la Duf, petit affluent de la Radika.
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