Cet article parle de littérature avec un grand L. Pour découvrir les guides pratiques sur le pays, voir Guides sur la Macédoine du Nord.
Les amoureux de littérature, qui voudront partir l’esprit rempli de beaux textes, ou qui vondront prolonger le voyage dans leur canapé, trouveront facilement leur bonheur. C’est assez surprenant, mais la Macédoine du Nord a inspiré plusieurs écrivains occidentaux, et plusieurs auteurs macédoniens ont été traduits en français. Le pays est d’ailleurs une terre de littérature, même si ses écrivains ne sont pas autant connus que les Ismail Kadaré et autres Ivo Andrić qui font la gloire des pays voisins. Eugène Guillevic, poète invité aux Soirées poétiques de Struga en 1976, n’a-t-il pas dit « La Macédoine est le pays de la poésie, tous les Macédoniens sont des poètes » ?
Littérature étrangère
Avant, pendant ou après un séjour en Macédoine du Nord, on peut lire ou feuilleter quelques récits de voyageurs ayant mis les pieds dans le pays. Ainsi, la Britannique Rebecca West décrit longuement la Macédoine et sa population dans Agneau noir et Faucon gris : Un voyage à travers la Yougoslavie. Ce livre publié en 1941 analyse de façon magistrale la société yougoslave de l’entre-deux-guerres et offre au lecteur une idée très complète de la Macédoine de l’époque, déjà tiraillée entre son héritage ottoman et le progrès occidental. Par ailleurs, l’auteur décrit finement les lieux, les plats locaux ou encore les personnes rencontrées.
Contemporain de Rebecca West, le journaliste néerlandais A. den Doolaard a écrit trois romans dont l’intrigue se situe dans la Macédoine de l’entre-deux-guerres. Il a lui-même parcouru le pays dans les années 1930, et il est tombé amoureux d’Ohrid. Malheureusement, un seul de ses trois romans a été traduit en français (Orient-Express) et il n’a pas été réédité depuis des décennies. Les deux autres sont Samen is twee keer alleen et De bruiloft der zeven zigeuners. Ses récits de voyages ont été compilés dans De wilden van Europa et Van vrijheid en dood.
Toujours pendant l’entre-deux-guerres, le grand journaliste français Albert Londres a enquêté auprès des rebelles macédoniens en Bulgarie et en Yougoslavie. Il a ensuite écrit un livre, Les Comitadjis ou le terrorisme dans les Balkans (1932).
Les Suisses Nicolas Bouvier et Thierry Vernet sont passés à Skopje en 1953 pendant leur périple de l’Europe à l’Afghanistan. Le premier a publié L’Usage du monde, et le second, Peindre, écrire chemin faisant. La place laissée à Skopje dans ces deux ouvrages reste cependant assez anecdotique.
« Sous un ciel tacheté de nuages frangés de clair de lune, s’élevait un haut plateau tandis que dans l’air tiède, parfumé de lilas, montait jusqu’à nous, venant des cafés dissimulés dans les cours et les ruelles adjacentes, le son acidulé des chansons macédoniennes. »
Rebecca West, Agneau noir et Faucon gris, 1941.
Littérature locale
La Macédoine du Nord a quelques écrivains connus internationalement. La littérature en langue macédonienne est pourtant assez jeune, puisque la langue en elle-même n’a été codifiée qu’en 1945. Auparavant, le macédonien était considéré comme un patois, le plus souvent en tant que simple dialecte bulgare. Ainsi, la plupart des auteurs d’avant 1945 ont choisi d’écrire en bulgare littéraire, ou bien en serbo-croate pendant la période yougoslave. La littérature de l’époque comprend surtout des recueils de contes et légendes locaux.
La littérature macédonienne puise son inspiration dans l’histoire et la culture locale : domination ottomane, période communiste, poids des traditions, relations intercommunautaires et questions sociales sont les principaux thèmes abordés.
L’écrivain macédonien le plus traduit en français est aussi le plus francophile. Luan Starova est un ancien professeur de français à l’université de Skopje, il est aussi spécialiste d’Apollinaire, et ancien ambassadeur en France. Symbole à sa façon de la société macédonienne, il est d’origine albanaise, mais il publie ses romans en albanais et en macédonien. Ses romans s’inspirent de son histoire familiale et personnelle, avec des intrigues placées sur les rives du lac d’Ohrid ou à Skopje, pendant l’époque ottomane ou yougoslave. Ses principaux romans sont Le Temps des chèvres, Le Chemin des anguilles, Le Musée de l’athéisme (situé en Albanie communiste) ou Le rivage de l’exil.
Mort en 1987, Živko Čingo était l’un des chefs de file de la littérature macédonienne à l’époque yougoslave. En France, il est connu pour La Grande eau, publié en 1971 et redécouvert plus récemment lors d’une republication par Le Nouvel Attila. L’intrigue, loin d’être joyeuse, est située dans un orphelinat d’après-guerre, et permet une critique du régime communiste d’alors.
Plus contemporain, Goce Smilevski (né en 1975) a été récompensé par un prix de l’Union européenne pour sa Liste de Freud. L’intrigue n’est pas située en Macédoine du Nord ; elle relate l’exil de Freud à Londres en 1938.
L’Age d’Homme, maison d’édition suisse fondée par un Serbe (né à Skopje), a publié de nombreux auteurs de la région. Parmi ceux-ci, il y a Vlada Urošević et sa Cousine Emilie, récit loufoque dans lequel le Skopje de 1941 s’illumine d’apparitions fantastiques.
Venko Andonovski, né en 1964, s’est illustré dans le roman ainsi que dans le théâtre. Son roman Sorcière ‽, publié en France en 2014, est une épopée dans les Balkans du XVIIème siècle.
Goran Stefanovski, disparu en 2018, était le principal auteur dramatique du pays, plusieurs de ses pièces ont été traduites et jouées en français.
Vous trouverez plus d’informations sur la littérature macédonienne sur le blog de la traductrice Maria Béjanovska.
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