Le lac Dojran (prononcé « doïransko ezero » en macédonien) est le troisième plus grand lac naturel de la Macédoine du Nord. Il est cependant bien plus petit que les deux plus grands (Ohrid et Prespa), et il ne fait que 7 kilomètres de long. Comme les lacs d’Ohrid et de Prespa, le lac Dojran est frontalier, et il est partagé avec la Grèce.
Le lac Dojran est peu profond, ses 10 mètres de profondeur maximale font pâle figure à côté des 288 mètres du lac d’Ohrid. Il a même failli disparaître au XXème siècle, à cause de l’irrigation, mais des efforts des deux côtés de la frontière ont permis son sauvetage et le retour à un niveau plus ou moins similaire à celui des années 1950.
Ville de Dojran
Y aller
Dojran est un endroit assez isolé, même si le lac se trouve près d’un poste frontière avec la Grèce. Il n’y a pas de vraie gare routière, mais des bus relient Dojran à Skopje (compter 3-4 h de trajet) et Gevgelija. Du côté grec, le lac est mieux desservi puisqu’il se trouve sur la voie ferrée Thessalonique-Alexandroupoli. La gare de Doïrani est desservie par environ 2 par sens tous les jours, et elle se trouve à environ un kilomètre du poste frontière.
Si on souhaite entrer en Macédoine du Nord en voiture depuis la Grèce, passer par Dojran peut être une bonne alternative à l’autoroute, surtout si on part de Thessalonique. Le trajet est direct, et l’attente à la frontière bien moindre qu’à Gevgelija. D’ailleurs, Thessalonique n’est qu’à 70 km de Dojran.
Bonnes adresses
Dojran est l’un des rares endroits en Macédoine à avoir un camping. On y trouve aussi plusieurs hôtels, chambres d’hôtes et appartements à louer. Les gros complexes comme l’hôtel Romantique possèdent une piscine. Du côté des restaurants, il y a plusieurs établissements typiques, et notamment le Fuk-Tak, qui est une véritable institution locale. Il est surtout réputé pour ses poissons.
Histoire

Dojran (« doïran ») est aussi le nom de la petite ville qui se trouve sur les rives du lac. Fondée pendant l’Antiquité, elle a longtemps été une bourgade commerçante prospère. Au début du XXème siècle, elle comptait pas moins de 18.000 habitants (contre à peine 1.500 aujourd’hui…). Sa situation naturelle et sa richesse attiraient les notables ottomans, qui venaient s’y construire des maisons. A l’époque ottomane, Dojran était ainsi surnommée la « Petite Istanbul ». La ville a toujours gardé des populations chrétiennes cependant. Alors que la ville-haute était peuplée de Turcs, les Chrétiens locaux se cantonnaient dans la ville-basse, au bord du lac.

En 1912, le lac a été partagé entre la Grèce et la Serbie, et la ville de Dojran s’est alors retrouvée isolée. La Première Guerre mondiale lui a porté le coup fatal : Dojran s’est retrouvée en plein Front d’Orient, et a connu les affrontements entre les Alliés (Serbie et Grèce soutenues par la France et le Royaume-Uni) et leurs ennemis bulgares, autrichiens et allemands. La ville est sortie de la guerre anéantie, et bon nombre d’habitants ont quitté la région.
Après 1918, la vieille ville détruite a été délaissée et les locaux ont créé un nouveau village plus au nord, appelé Nov Dojran. Ils ont poursuivi la principale activité locale, la pêche dans le lac. La vieille-ville a ensuite été en partie réhabitée, sous le nom de Star Dojran (le « vieux Dojran »). A l’époque yougoslave, Dojran est devenue une petite cité thermale, connue pour ses boues. Avec l’assèchement involontaire du lac, puis l’indépendance macédonienne, la pêche et le tourisme ont beaucoup faibli.
Si les Macédoniens slaves forment désormais la majorité de la population de Dojran, la région du lac compte encore une minorité turque significative. Ceux-ci vivent à Dojran ainsi que dans les villages autour, aux noms souvent évocateurs, comme Sevendekli, Kurtamzali, Gjopčeli, Džumabos, Tatarli, Buluntuli…
Visiter

Les deux villages, Nov Dojran et Star Dojran, sont séparés l’un de l’autre par environ un kilomètre. Nov Dojran est le premier lorsque l’on arrive depuis le nord. Il offre un visage plutôt récent, sans grand charme. Les berges du lac ne sont pas particulièrement aménagées. Star Dojran est plus agréable et plus touristique. On y trouve sur la rive des petits embarcadères et des plages bordées par les principaux hôtels. Ces dernières années, plusieurs casinos ont aussi vu le jour, comme à Gevgelija. Malgré l’existence de plages aménagées, Dojran n’est pas tellement réputé pour la baignade, à cause de la vase et des plantes qui colonisent les berges.

Il ne reste plus grand-chose du « Petit Istanbul » ottoman, à part les vestiges de la tour de l’horloge, qui remonte au XIVème siècle. On peut aussi voir à côté de l’hôtel Jaka les restes du hammam. Le principal moment de Dojran est l’église Saint-Elie (sv. Ilija), construite en 1848. Elle se trouve en rebord de plateau, un peu à l’écart. C’était l’une des plus grandes églises macédoniennes, mais elle a été dévastée par l’armée bulgare en 1916. Une campagne de restauration a récemment permis de reconstruire le toit. Il est possible que le reste de l’église soit ensuite entièrement refait.
Tour du lac
Le lac Dojran est resté assez sauvage, et il n’est pas rare de voir toutes sortes d’animaux, surtout des grenouilles et des cigognes, voire même des serpents, des tortues et des pélicans. On peut voir ici et là des cabanes de pêcheurs sur pilotis. Autrefois, ceux-ci dressaient des cormorans pour capturer les poissons.
Il n’est pas possible de faire un tour complet du lac, puisque au nord la route s’arrête avant la frontière. Du côté grec, il y a un mémorial de la Première Guerre mondiale.
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Voir aussi :
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