Le centre-ville de Skopje n’est pas le quartier le plus vieux de la ville. Si on cherche de vieilles rues pavées, des monuments anciens et une atmosphère pittoresque, il vaut mieux se rendre dans le Vieux bazar.
Néanmoins, ce quartier est le centre névralgique de la ville et de toute la Macédoine, avec ses magasins, ses institutions gouvernementales et ses multiples cafés et restaurants. C’est probablement enfin le quartier de la ville qui a l’histoire la plus complexe.
Un peu d’histoire
Le cœur historique de Skopje se trouve sur la rive nord du Vardar, et correspond à la forteresse et au Vieux bazar. Le centre-ville moderne, établi sur la rive sud, a été construit à partir de la fin du XIXème siècle, lorsque l’Empire ottoman s’est ouvert à l’Occident.
Les Occidentaux ont d’abord construit une gare, en 1873, puis ils ont peu à peu construit de nouveaux quartiers entre cette gare et le Vardar, profitant des terrains planes, qui étaient jusqu’alors dévolus à la culture maraîchère. Ils y ont installé leurs hôtels, leurs églises, et ils ont vite été rejoints par les élites chrétiennes locales naissantes : Macédoniens orthodoxes et Albanais catholiques, qui profitaient du déclin du régime ottoman musulman.

Avec la fin de la domination ottomane en 1912, le quartier est définitivement devenu le centre névralgique de Skopje. Il s’est doté de monuments de plus en plus grandioses : la place de Macédoine est aménagée dans les années 1920, après la destruction de la vieille mosquée Burmali, qui se trouvait juste au pied du Pont de pierre. La place reçoit bientôt une clinquante Maison des officiers, puis l’immeuble de la banque nationale qui lui fait face. La gare est reconstruite en style néobyzantin en 1938, et en 1939, l’assemblée régionale s’installe dans un palais très art-déco, aujourd’hui occupé par le Parlement.

Le quartier a été très touché par le tremblement de terre de 1963. L’époque étant alors à l’architecture moderniste en béton, les urbanistes n’ont pas fait grand cas des vieux monuments. La plupart sont impitoyablement détruits, pour laisser place à de grandes artères, des espaces verts, des tours d’habitation, des immeubles administratifs… Skopje devient une vitrine de la modernité yougoslave, et la reconstruction fait aussi appel à l’aide internationale. De grands noms comme le Japonais Kenzo Tange apportent leur contribution.

Au fil du temps, cet ensemble ultra-moderne a mal vieilli. Entre temps, Skopje est aussi devenue la capitale d’un pays indépendant et son centre-ville faisait pâle figure à côté des autres capitales européennes, avec un centre-ville grisâtre balayé par les vents. Pire, les seuls monuments historiques étaient les moquées et les autres restes d’occupation ottomane.
Afin de remédier à la situation, les autorités ont décidé un gigantesque projet d’urbanisme, Skopje 2014, qui a doté Skopje de nouveaux musées, de monuments culturels, de statues… Certains éléments du projet ont été terminés bien après 2014, cependant. Le style choisi par les autorités est largement historiciste, avec des réemplois plus ou moins habiles des styles baroque et néoclassique. L’aspect esthétique ainsi que le coût astronomique du projet ont d’ailleurs beaucoup divisé la population.
Voir Comprendre Skopje pour plus d’informations sur l’histoire locale.
Visiter le centre-ville

Voici une sélection d’endroits à ne pas rater :

La place de Macédoine, centre névralgique de la ville et du quartier, est une vaste esplanade bordée d’immeubles divers, notamment le Palais Ristik, des années 1920, et la Maison des Officiers, une reconstruction à l’identique d’un édifice des années 1920 également, qui avait été détruit lors du séisme. Au centre de la place se dresse un imposant monument illustrant Alexandre le Grand.
La place aboutit au Pont de pierre, un édifice ottoman qui traverse le Vardar. De l’autre côté du fleuve, on peut voir le Théâtre national, détruit en 1963 puis reconstruit à l’identique dans les années 2000. Sur le même quai, on remarque la grande façade à colonnes du Musée archéologique de Macédoine.

La rue de Macédoine, anciennement « rue Tito », est la grande artère piétonne de Skopje. Elle mène à l’ancienne gare, construite dans les années 1930 et en grande partie détruite en 1963. Il ne reste qu’environ un quart de cet édifice qui était très imposant. Il abrite aujourd’hui le Musée de la Ville de Skopje. Le long de la rue, on peut voir l’hôtel Bristol, qui était à l’époque de l’Orient-Express LE grand hôtel de la ville, ainsi que la Maison de Mère Teresa, une curieuse construction contemporaine. Cette « maison » a été construite à l’emplacement de l’église dans laquelle Mère Térésa a été baptisée. Elle est née à proximité, près de la place de Macédoine, mais sa maison natale a disparu depuis longtemps.

Près de la Maison de Mère Teresa sе dresse la toute nouvelle église Saints-Contantin-et-Hélène (sv. Konstantin i Elena), qui reprend le nom d’une autre église disparue en 1963. Elle offre un mélange plutôt réussi entre architecture contemporaine et style byzantin traditionnel. A proximité se trouve également la seule trace de l’époque ottomane sur cette rive du fleuve. il s’agit de la Tour du Bey, une construction du XVe siècle qui servait à guetter les exploitations agricoles qui couvraient les environs. Ce type de construction se rencontre d’ailleurs souvent dans les Balkans.

Sur la rue du 11 octobre, on voit le Parlement macédonien, édifice austère des années 1930. L’intérieur, qui ne se visite malheureusement pas, est un très bon exemple de l’art déco. En face du parlement, il y a un curieux monument commémorant tous les morts tombés pour la Macédoine au fil des siècles. Au centre se trouve une flamme éternelle. Pour la petite histoire, la statue d’homme qui se trouve à l’entrée était nue à l’origine, mais des groupes de citoyens conservateurs ont obtenu qu’un pagne lui soit ajouté… Ce monument fait partie du projet Skopje 2014, tout comme l’arc de triomphe situé à proximité.

Une petite promenade autour des rues Nikola Kljusev et Orce Nikolov donne une idée de ce à quoi ressemblait le centre-ville avant le séisme de 1963. Ce micro-quartier a été plutôt épargné par la catastrophe et il compte encore plusieurs exemples d’architecture du début du XXe siècle. La Maison arabe, construite entre 1936 et 1938 pour un marchand arménien vaut le coup d’œil. Situé rue du 27 mars, cet édifice néo-mauresque abrite l’hôtel Jadran et a conservé une bonne partie de sa décoration intérieure d’origine.

En continuant vers l’est, on arrive à la cathédrale Saint-Clément, achevée en 1992. Elle n’est constituée que de dômes et d’arches en béton. En revenant vers le Vardar, on peut également admirer la Grande Poste et l’immeuble des Télécoms, qui sont sans conteste les meilleurs éléments de la reconstruction de Skopje après 1963. Édifiés en béton brut, ces deux bâtiments ne sont pourtant pas dénués d’inventivité : la poste semble évoquer une fleur d’orchidée tandis que l’immeuble des télécoms offre un jeu de volumes dynamique.

En traversant le Vardar, on peut visiter l’église Saint-Dimitri, datant de 1886 et située sur la place Philippe II, près du Pont de pierre. Plus loin, en longeant le Vardar vers l’est, on arrive à l’église de la Sainte-Vierge, construite en 1835 puis détruite pendant la Seconde Guerre mondiale. L’édifice actuel est une reconstruction récente à l’identique. L’intérieur est assez somptueux bien qu’il manque encore de patine.
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Voir aussi :
Debar Maalo, Gradski Park, Zoo