La forteresse de Skopje, appelée Skopsko Kale en macédonien, veille depuis des siècles sur la ville. Elle conserve des traces de toutes les périodes de l’histoire de la ville, de la Préhistoire à l’époque ottomane en passant par le Moyen-Age. Elle offre aussi de magnifiques panoramas sur toute la ville et sur les montagnes environnantes.
Il y a relativement peu de choses à voir à l’intérieur, la plupart des éléments visibles sont des reconstructions récentes. La forteresse est pourtant un des principaux symboles de Skopje, et elle a une valeur symbolique forte à la fois pour les Macédoniens et pour la minorité albanaise, chaque communauté y retrouvant des pans de son histoire.
Un peu d’histoire
La forteresse se trouve sur une colline dominant la ville et la vallée du Vardar, un site qui a longtemps eu une grande valeur stratégique. Les premières occupations humaines remontent à la fin du Néolithique.
La colline est néanmoins délaissée pendant l’Antiquité, au profit de Scupi, une ville antique qui se trouvait à 5 kilomètres plus à l’ouest. Il faut ensuite attendre le VIe siècle pour que le site de la forteresse soit réoccupé. Scupi est alors dévastée par un tremblement de terre, et ses habitants se réinstallent sur la colline de la forteresse.
Tout au long du Moyen-Age, la forteresse est habitée. L’enceinte comprend alors de nombreuses maisons, ainsi que plusieurs églises. Une basse-cour, aujourd’hui disparue, s’étend également sur les berges du Vardar. Il est fortement probable que la cathédrale médiévale de Skopje (Sv. Borogorica Troeručica), se trouvait dans l’enceinte de la forteresse, mais l’archéologie n’a pas permis de le prouver. C’est dans cette cathédrale que Stefan Dušan a été couronné empereur des Serbes en 1346.


Ce sont les Ottomans qui ont vidé la forteresse de ses habitants. Dès qu’ils ont conquis la ville, à la fin du XIVe siècle, ils ont réduit la forteresse à un rôle militaire. Ils ont fait déplacer la population vers l’actuel bazar, et ils ont détruit toutes les constructions civiles intra-muros. L’enceinte ne comprend plus alors que des baraques et un arsenal. Le site conserve sa vocation militaire jusqu’en 1951, lorsqu’il est donné au musée archéologique de la ville.
La forteresse est gravement touchée par le tremblement de terre de 1963. Tous les bâtiments qui se trouvaient dans l’enceinte sont détruits, et de grands pans de muraille sont réduits en tas de pierres. La forteresse reste longtemps en ruine, mais d’importantes fouilles archéologiques sont conduites à la fin des années 1960.
Dans les années 2000, de nouvelles fouilles d’envergure sont menées, puis l’enceinte est progressivement restaurée et retrouve son apparence médiévale.
Visiter
La forteresse a connu une campagne intense de restaurations et de fouilles archéologiques dans les années 2000. Malheureusement, la construction d’un musée en forme d’église a déclenché l’ire des minorités musulmanes de la ville, qui l’ont perçue comme une provocation. Depuis, tout est à l’arrêt, et le réaménagement du site n’est pas terminé. L’entrée principale est bloquée depuis des années. En attendant, on peut toujours se promener dans la forteresse, « à ses risques et périls », en passant par le parking (face à l’entrée principale, contourner la muraille par la droite jusqu’à trouver le parking).
Lorsqu’on entre dans la forteresse depuis le Vieux bazar, on franchit la porte nord, qui date du XVIIIe siècle. Il s’agit d’un des rares éléments ottomans de la forteresse encore visibles.
Au nord du site, on peut voir une portion de mur en appareil cyclopéen, caractérisé par un simple empilement de très grosses pierres.
Celles-ci proviennent de la ville antique de Scupi. Certaines présentent d’ailleurs des décors architecturaux romains, et il n’est pas difficile d’imaginer qu’elles faisaient à l’origine partie de monuments antiques. Ce mur cyclopéen date du VIe siècle, soit l’époque à laquelle Scupi a été abandonnée. Il comprend une curieuse tour, dont les blocs de pierre sont disposés à la verticale, détail tout à fait inhabituel.

Le reste de la double muraille a été construit à partir du Xe siècle et reconstruit à plusieurs reprises entre le XIIe et le XIVe siècle, au gré des guerres et des destructions.
Au sud, la forteresse s’ouvre par une porte donnant sur un corridor conduisant au Vardar. Cette porte était extrêmement bien défendue, puisqu’elle se trouve entre les deux murailles successives et qu’elle aboutit à une deuxième porte en contrebas. Au Moyen-Age, c’était probablement l’entrée principale, bien qu’elle n’était accessible qu’à pied.
Les fouilles archéologiques ont dégagé de nombreux vestiges un peu partout à l’intérieur de la forteresse. Etant donné qu’il n’y a pas d’explications sur place, il n’est pas évident de savoir à quoi ils correspondent. La structure en fer inachevée se trouve sur les restes d’une église, datant des XIIème et XIVème siècles. La plupart des autres ruines sont les vestiges de constructions ottomanes. On peut aussi voir deux « musées » jamais inaugurés : l’édifice circulaire en verre qui devait être consacré à aux trouvailles du Néolithique, et un bâtiment voisin pour les artefacts ottomans.
Autour de la forteresse

La rue Samoilova, qui longe la forteresse par le nord, est bordée par deux immeubles anciens jaunes. Tous deux datent du XIXème siècle, et ils ont été construits par les Ottomans. L’un était la poste ottomane, l’autre, le siège du vilayet du Kosovo, province ottomane dont Skopje était capitale.
En marchant dans le parc qui s’étend au nord de la forteresse, après environ 500 mètres, on atteint le Musée d’art contemporain, également accessible depuis la rue Samoilova.
En continuant sur cette même rue pendant encore 500 mètres, on arrive à un cimetière militaire français de la Première Guerre mondiale. Il comprend 930 tombes et deux ossuaires regroupant les restes de 2.000 soldats français. Ceux-ci étaient engagés dans l’armée d’Orient et ont participé à la libération de la Serbie et de la Grèce. Un cimetière britannique de 124 tombes se trouve par ailleurs près du campus universitaire, de l’autre côté du Vieux bazar.
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